lundi 7 août 2017

Un éloge de la pensée intuitive

Il était rafraîchissant de lire l’interview du chercheur de psychologie Marjaana Lindeman dans Hesari 27/07/2017, sous le titre ”Uskon asioita” qui peut être traduit de deux façons: Je crois en choses ou Des choses de croyance. Elle faisait tomber avec calme des faits scientifiques, telles qui font ”les penseurs intuitifs” se cramponner plus décisivement dans leurs croyances. Son style faisait immanquablement me rappeler l’oeuvre de Pascal Boyer, anthropologue et professeur des sciences cognitives, ”Et l’homme créa les dieux. Comment expliquer la religion” (Gallimard, 2003). Avec l’approche scientifique et sans préjuges, Boyer examine des croyances variées et surtout la question pourquoi, enfin, croit-on. Le livre serait une excellente base pour l’éducation des religions aux écoles. 

Ce qui me reste à déranger est le dualisme un peu forcé des façons de penser, analytique et intuitive, proposé par Lindeman qui caractérise soi-même comme penseur analytique, et surtout le fait que la pensée intuitive était traité dans cet interview comme si elle était la propriété des personnes spontanées et moins éduquées qui, selon Lindeman, ”ne sont pas interpellées par la science qui est plus abstraite et difficile, tandis que la véracité nécessite la pensée rationnelle, analytique”. Tout cela donne une impression de quelques chose de dépassé, en effet d’un croyance (sic!), comme un vestige du paradigme de l’analyse, qui jurant au nom du réductionnisme et déterminisme produisait le triomphe de trois décennies des sciences dits dures, couronné par la visite de l’homme sur la lune. Ce qui est vrai ici est que la modèle déterministe basée sur l’analyse de l’état simplifié du présent peut être prédictive avec exactitude, mais seulement si les simplifications restent valables.

Lindeman semble avoir oublié que ce n’est pas l’analyse de l’état présent de la réalité mais plutôt son changement qui semble dominer la pensée humaine. Et l’homme ne seulement rêve d’une réalité meilleure, il cherche consciemment à y construire des structures ayant nouveaux fonctionnalités. L’homme est concepteur. La conception est du raisonnement depuis l’effet à la cause: comment créer une structure dont la fonctionnalité susciterait la fonction souhaitée. Cette mode de raisonnement qui avance à contre-courant du flux de causalité est appelé abduction.

Le raisonnement abductif - le terme est assez mal connu - est le don spécifique de l’être humain. Il se base sur l’intuition et ainsi sur l’expérience et connaissance tacite du concepteur, qui ne sont pas nécessairement liées au domaine du projet de conception en question. Une idée intuitive peut surgir aussi des domaines culturels entièrement différents, le fait qui accentue le rôle central de la pensée globale (holistique) dans la conception créative. Concevoir le voyage de vacance n’implique pas nécessairement de la résolution créative du problème si les activités souhaitées peuvent être garantis de façon routinière selon une recette antérieure. En revanche, la conception bien exécutée d’une restructuration dans un environnement complexe implique une espace de problème suffisamment large pour qu’elle alimente le surgissement des intuitions dans la pensée globale du concepteur. 

Dans la communauté scientifique moderne les fondements du paradigme de l’analyse, le réductionnisme et le déterminisme, commencent à être presque grossièretés. La science contemporaine jure plutôt au nom de la complexité de la réalité. Cette tendance se trouve aujourd’hui au seins de nombreuses disciplines en même temps, de sorte que le signe de la naissance d'un nouveau paradigme scientifique est visible. On comprend qu’un système complexe se renouvelle en permanence de façon créative, émergente, et il est impossible de prédire son comportement de ses parties élémentaires comme manifestent, par exemple, l’apparition des innovations ou les fluctuations des cours boursiers. L’intelligence de la complexité exige une approche interdisciplinaire dans laquelle les phénomènes individuels sont considérés comme faisant partie d'une totalité qui n’est pas fragmenté par les barrières artificielles humaines.

Cependant, la transition de la pensée traditionnelle à l’interdisciplinarité nécessite une réforme en profondeur de l'éducation et est un long chemin à parcourir. On a besoin de l’ontologie pour soutenir l'image globale de la réalité et des programmes de formation construits de cette base. L’ontologie doit unifier en particulier le langage des sciences humaines et des sciences naturelles. J’ai développé et testé avec mon groupe ce type d'ontologie dans plusieurs projets de conception créative avec de bons résultats. Probablement le plus mémorable des commentaires reçus est toutefois celui d’un soutenant de sa thèse de doctorat, qui s’adressait de moi à la fin de l'examen public avec le remerciement pour l'éducation que je lui avait donné pour toute la vie.



lundi 31 juillet 2017

La composition musicale en termes des sciences de conception

Ces dernières temps la composition musicale a été le sujet beaucoup discuté en Finlande. Son statut est sous le renouvellement. On souhaite qu’elle fasse partie de toute éducation musicale à partir de jardin musical jusqu’aux conservatoires, Sibelius-Akatemia compris. On a lancé le slogan ”la composition musicale est pour tous” qui surgit d’une part du fait que l’éducation musicale s’est traditionnellement basée sur la domination de la notation et de l’exécution, et d’autre part de l’accessibilité augmentée des moyens techniques divers qui facilitent le processus de composition.

Qu’est-ce qui se passe pendant le projet de composition? Une méthode de se renseigner est de demander au compositeur, mais la difficulté peut être cette même sur laquelle tombaient les interviewers des experts à l’époque où on encore croyait aux systèmes d’expert. Enfin, les experts n’étaient pas capables d’articuler leur expertise: ”Je ne sais pas pourquoi je sais, je simplement sais”. Aussi, normalement, l’artiste ne veut pas expliquer ses oeuvres. Mais la vérité, au moins partielle, est qu’il ne sait pas: un peintre, par exemple, n’est pas en mesure d’expliquer pourquoi son oeuvre abstrait est justement comme il est.

Je vient de lire le thèse de doctorat de Ulla Pohjannoro (Sibelius-Akatemia, 2013) intitulé ”La naissance d’une composition musicale. Étude de cas de la réflexion d’un compositeur” (The composing mind. A case study of a composer’s thought process.) Sa technique était l’interview pendant le processus de composition (stimulated recall) d’un compositeur professionnel. Aujourd’hui quand les méthodes neuro-anatomiques sont de routine, cette approche a été considérée, par quelques critiques, un peu obsolète. 

Dans la considérable liste de références, on trouve aussi deux auteurs du domaine de conception (Herbert A. Simon et John S. Gero). Jadis, en discutant avec John Gero sur la situation de design dans l’éducation universitaire et du fait qu'il n’y a que quelques professeurs de design au monde, nous avons constaté spontanément comme un seul homme: ”There should be more!”. En 2000 j’ai déclaré que la théorie de design sera probablement la théorie unifiante de l’éducation des généralistes aux universités. En 2001, l’éditorial de La Lettre Chemin Faisant a appelé à l’acceptation du terme les sciences d’ingénium pour remplacer l’ingénierie des systèmes complexes et l’ingénierie de l’interdiciplinarité, et au déploiement de ce nouveau terme. Possiblement le nouveau terme sera préféré aussi aux sciences de conception. Dépassant les problèmes terminologiques de français, je vais utiliser cette dernière. Il est clair que les sciences de conception ne sont pas une discipline scientifique parmi d’autres, mais concernent toute activité humaine.

Selon l’ontologie PSSP, tout est processus. Processus est dynamique: quelque chose se produit et la réalité change. Quand c’est l’être humain qui vise à changer une situation existante en une situation préférée, le processus est de type de projet, et l’homme, lui, est concepteur. Ainsi l’homme qui imagine quelques dispositions pour composer une pièce de musique, est concepteur. L’oiseau qui est capable de varier son chant peut être considéré un compositeur d’une sorte, mais je ne l’appellerais pas un concepteur. J’ai choisi la composition musicale en un exemple pour démontrer la capacité des sciences de conception d’offrir le format unifiant pour toute activité projective. 

Voici le graphe générique de conception dans la notation graphique de PSSP comme je l’ai présenté en 2001, par exemple, dans mon rapport ”New Design Culture (NDC) project planning” et POEM Guide Book ”Introduction to SHE Conscious Process Design”. L’objet Process (processus, projet) est symbolisé par cercle. C’est un objet composé. Comme expliqué ailleurs, il se compose de quatre objets: Interior (intérieur), Exterior (extérieur, environnement), Boundary (frontière entre ses deux) et Interaction (interaction à travers de frontière). Interior et Exterior sont chaqu’un un ensemble de deux objets primitifs, Event (événement) et Medium (substance), symbolisés par ovales horizontale et vertical. Pour simplification, la représentation graphique est réduite. La frontière, qui est de type substance, n’est pas visible et l’interaction, qui est de type événement, est symbolisé par flèches. Il est important de comprendre que l’événement et la substance sont inséparables. L’un n’existe pas sans l’autre. L’état de substance est la cause des changes de l’état d’événement et cet effet, de sa part, est la cause des changes de l’état de substance. Touts ces objets sont formellement identiques ayant les quatre attributs Purpose (finalité ou raison d’être), Structure, State (état, fonctionnement) et Performance (viabilité de l’objet par rapport de sa raison d’être).



Le démarrage d’un nouveau projet de conception, ”le projet de base”, est souvent précédé par un projet pour planifier le projet de base. Surtout, si la réalisation du projet est dépendant du support financier, un plan crédible et attractive est nécessaire. Ici la gestion (M) du projet est divisée en trois niveaux. La composition musicale est pourtant le plus souvent réalisé en projet d’une seule personne qui prend la responsabilité aussi bien de la gestion que des activités de base. 

Mais où se trouve-t-il, dans cette graphe, le compositeur? La ressource totale du projet de base se compose de la ressource humaine, le compositeur, et des ressources matérielles, les facilités divers pour documenter la musique produite en notation ou pour en exécuter et enregistrer. Le compositeur est un processus dont l’intérieur est composé de la substance, son corps en total, comprenant le système nerveux et le cerveau, et les événements mentales et moteurs suscités. Les facilités techniques sont de type de produit. Produit est en effet un processus qui n’a pas encore d’interaction avec son environnement mais qui, en usage, va interagir avec son utilisateur. Ainsi, le compositeur est dispersé dans les trois objets du niveau base désignés par T, B, et M. Continuellement ou périodiquement, la réflection du compositeur avance en dehors de l’intérieur du projet de base (work package interior), au niveau métacognitif, pour contrôler ce qui se passe au niveau de base.

Le germe d’un nouveau projet de composition se trouve dans les idées du compositeur et sa volonté/nécessité de les élaborer et publier. Pour le compositeur professionnel la nécessité de composer est déjà là et ce n’est q’une question de démarrer un nouveau projet quand le temps est mûr. En termes de PSSP, ça signifie la création d’une nouvelle instance de l’objet Process et les efforts subséquents de spécifier ses attributs. Voici le graphe de comment le projet de composition musicale avance:




Le compositeur professionnel vise à publier le produit, la pièce musicale, dans sa forme finale. En principe, il a la liberté de fixer la finalité (Purpose) du produit comme il veut, mais possiblement doit considérer ce que probablement veut le public. Cet attribut plus ou moins détermine comment le produit devrait fonctionner (State), et les critères pour évaluer sa viabilité (Performance), les attributs qui sont dépendants de la structure (Structure) de la pièce. Trouver une telle structure (Structure) musicale qui donnera un fonctionnement (State) qui soit souhaité (selon ce qu’a été spécifié sous Purpose) et satisfaisante (ce que se specifie enfin sous Performance) est le plus difficile effort du projet. Il exige du raisonnement qui se passe à la direction opposite de la causalité, à partir du fonctionnement souhaité jusqu’à la structure de la musique. Il s’agit de raisonnement abductive qui se base à l’intuition et à la créativité, c’est à dire, sa savoir-faire en musicien. C’est la difficulté qui demeure dans toute conception mais pour son dépassement l’être humain possède la capacité.



dimanche 9 juillet 2017

Roman et un roman

J’avais écrit, il y a plus d’une année, quelques lignes sur le roman ”D’après une histoire vraie” de Delphine de Vigan, sous le titre ”Bluff honnête”. Maintenant le cinéma de Roman Polanski ”D’après une histoire vraie”, basé sur ce livre-ci, a été présenté a Cannes. Selon l’article dans le numéro récent de Suomen Kuvalehti, c’était la femme de Polanski, Emmanuelle Seigner, qui lui avait donné le livre après l’avoir reçu de son copain. Elle ne l’avait pas lu (”Je lis assez peu”) mais avait une idée que l’histoire peut être au type de Polanski.

Le cinéma, qui est catégorisé thriller, est porté par deux protagonistes, deux femmes, Emmanuelle Seigner même et Eva Green. Je m’étais demandé si le roman est un bluff transparente et honnête ou simplement une histoire des commérages sur soi-même. N’importe, semble-t-il. Le cinéma est rangée parmi les plus mauvais de Polanski. Pauvre Delphine.

mardi 30 mai 2017

Coucou et Finlandia

Le chant de coucou est facile de reconnaitre et d’imiter. C’est à cause de la simplicité du thème et le fait que le registre est le même que celui de l’homme. Ainsi le chant de coucou se trouve aussi dans plusieurs compositions musicales. Normalement le compositeur n’a pas d’intention de reproduire le chant dans sa forme réelle. Pourtant souvent le thème est présent aux pièces dont la mesure est 3/4 comme si le chant de coucou avancerait à un rythme de valse: cou-cou-pause, cou-cou-pause, cou-cou-pause, … 

Selon quelques mesures que j’ai pris pendant des années dernières, le rythme du chant de coucou est plus proche de 5/4. Bien sûr le coucou, n’étant pas une machine, fait des pauses qui rendent le chant irrégulier, mais pendant la parade nuptiale où le mâle peut répéter le ”cou-cou” même cent fois sans interruption, le rythme reste bien stable. ll semble que la mesure reste 5/4 mème si le tempo varie.

Je ne pouvais pas résister de combiner le chant de coucou avec un autre thème à 5/4, celui qui se trouve dans une oeuvre célèbre de Jean Sibelius. Voici le résultat :-)



dimanche 30 avril 2017

Hypocrisie

La Finlande célèbre cette année son centenaire en nation indépendante. Comme une part des activités officielles le ministre des finances a lancé le projet pour concevoir et frapper une série de cinq médailles représentant des décennies de la nation. Selon le président du conseil de médaille commémorative, l’idée est d’illustrer un événement pénible sur une côté de médaille et un événement victorieux sur l’autre côté. 

La décision (probablement politique) était faite de faire publique la première médaille représentant la période 1917-1939. Pour l’événement glorieux, l’illustrateur avait choisi la préparation de la nation pour ses propres jeux olympiques, symbolisée par le stade olympique à Helsinki. L’événement pénible était symbolisée par une copie d’une ancienne photo (reconstituée) d’un peloton d’exécution et quelques prisonniers symbolisant la période de la guerre civile.

La publication prématurée des illustrations de la première médaille avant la totalité était évidemment mal justifiée (ou calculée). L’illustration faisant référence à la guerre civile était trop pour quelques citoyens, mais donnait aussi la chance aux opportunistes à moraliser. Vraiment, parmi ceux qui protestent il y a plusieurs politiciens. Le ministre des finances, Petteri Orpo, faisait immédiatement la décision de retirer le projet! Le président du conseil de médaille commémorative de sa part, comme aussi l’illustrateur et l’Institut de frappe, regrettaient la décision hâtive du ministre.

Hesari, le quotidien principal, donnait la chance au professeur de l’histoire de Finlande, Pertti Haapala, à présenter la vue scientifique sur le cas. Le professeur exprimait son étonnement sur la tentative de glorifier par la photo d’exécution l’aspiration de la nation à se tirer des conflits profonds internes. À son avis ce choix était de mauvais goût et manifeste l’interprétation faible de l’histoire. Le professeur ne réussissait pas d’éviter de faire un parallèle avec une idée bidon de commémorer des morts au champ d’honneur de la seconde guerre mondiale avec une photo de tas de cadavres. 

Clairement le professeur avait oublier son rôle en tant que représentant de la science. Mais scrutons un peu ce qu’il argumente. 

Pourquoi ne pourrait-elle pas une photo d’exécution ou un tas de cadavres fonctionner comme un symbole sublimisant? Voici quelques autres analogies. Si le projet continue, malgré la chute initiale, la dernière médaille de la série doit être publiée en 2019. Selon Hesari, elle sera illustrée par la photo du réfugié syrien de trois ans trouvé noyé sur une plage de Turquie. Ce petit cadavre est rapidement devenu en Europe un icône de la justice globale. Et que font les chrétiens, ils commémorent la torture et la mort de l’homme appelé Jésus avec des peintures et statues, répandus partout, représentants son cadavre, pratiquement nu, dans la posture effrayante.

Les illustrations macabres dans touts ces cas ne sont pas portraits des personnes mortes ou documents des événements en question. On les exploite pour communiquer un message. Le message évoque des sentiments qui ont très peu ou rien à voir avec les individus ou événements historiques illustrés. Le message de la série de médaille commémorative est comment une nation ou l’humanité est capable de l’emporter sur une situation pénible. 

samedi 1 avril 2017

Zacharie rencontre J.S.Bach

J’ai écrit les paroles pour une composition musicale bien connue de J.S.Bach. Cette pièce de musique mignonne est une sorte d’invention à deux voix mais elle est mieux connu par le nom canon cancrizans (crab canon). La pièce se compose de 18 mesures. Elle a la forme de palindrome telle que la progression de notes des neuf premières mesures est symétrique à celle des neuf dernières mesures. Quoiqu’une moitié des thèmes des deux voix se produit de l’autre moitié, elle est plus d’une répétition rétrograde. Les deux moitiés ont leurs propres caractères. Il est possible de jouir de la pièce, même sans étant conscient de cette technique curieuse avec quelle Bach a voulu jouer en la composant. 

Les thèmes musicaux des deux voix sont différents. La première voix est plus haute et vite tandis que la seconde est lente. Pour chanter, les voix ont besoin des paroles appropriées. J’ai écrit deux petits poèmes. Ils sont du thème commun: Zacharie amoureux. Le poème pour la première voix exprime l'état des choses de Zacharie franchement, cet autre accompagne du’n ton romanesque. Seulement les poèmes en langue d’origine, finnois, sont palindromes. 

Rakastunut Sakarias Zacharie amoureux

Oo…, sai rakastunut Sakarias sinua Oh, c’est toi avec qui
kas sinua unissa, kaunis dans ses rêves Zacharie
Sinua, kas sinua unissa, kaunis amoureux, belle et bien,  
 Sinua, kas sinua unissa, kaunis a couché. Mieux que rien.
sai rakastunut Sakarias, oo… Oui c’est toi, belle de loin.
Sinuako tuo utuisuus? C’est toi?
Uusi utu outo, kaunis. Ce brouillard-là.
Sinuako? Cette brume nouvelle,
Tuo utuisuus uusi…! étrange, belle.
Utu outo, kaunis

Voici que nous avons une composition dont aussi bien la musique que les paroles sont palindromes.


jeudi 30 mars 2017

Finalité (Purpose)

On pose souvent la question: ”Quelle est la finalité, ou le but (ultime), de la vie?” La réponse à cette question, comme la réponse à la question concernant la finalité de n’importe quel object de la réalité, dépend du rôle ontologique du concept finalité. Dans l’ontologie PSSP, finalité est un des quatre attributs de tout object PSSP comme manifeste le premier P du sigle. Quand j’exposait mon ontologie PSSP à la communauté scientifique, le rôle central de finalité, même son inclusion parmi des concepts ontologiques, suscitait l’embarras. À l’époque, la pensée générale était que l’object dont l’existence est indépendante de l’homme, appelé object naturel, ne peut avoir que la structure et l’état (la fonction). Ainsi cette autre P (performance) était également vue obscure. 

Pour les artéfacts s’associant à la conception, la situation est différente. Normalement la spécification soit de la finalité soit de la performance de l’artéfact est le point de départ de conception. L’activité de conception, étant aussi l’object PSSP, a comme sa propre finalité la spécification d’une telle structure pour l’artéfact que la fonction de cet artéfact satisferait sa finalité. Le niveau de satisfaction sera manifesté par la performance de l’artéfact. S’il apparait que l’artéfact ne fonctionne pas comme il faudrait par les critères spécifiées sous sa finalité, c’est normalement la structure qui doit être révisée. Si on ne trouve pas de structure qui pourrait rendre la performance acceptable ou si aucune révision potentielle n’est justifiée par exemple pour des motifs économiques, il est encore possible de modifier la finalité de l’artéfact. Cette dernière est la procédure utile dans le recyclage et la gestion des déchets: l’artéfact qui n’est plus acceptable pour sa finalité d’origine peut continuer sa vie pour une nouvelle finalité qui lui donne une nouvelle identité.

L’ontologie PSSP est adéquate et ainsi holistique. Ça tient que la réalité est indivisible et que toute sa division n’est que le résultat des efforts de l’homme pour la rendre intelligible. Sur le plus haut niveau, la réalité est un unique object spatio-temporel qui représente tout ce qu’il y a. Il est composé de deux objects primitives qui sont inséparables, c’est à dire, qu’ils n’existent pas l’un sans l’autre et peuvent être compris comme deux projections d’une même chose. Les projections sont dans dimensions espace et temps. Je les ai nommé médium et événement. Les deux sont des objects PSSP. L’état de médium est la cause des changes dans l’état d’événement, et l’état d’événement est la cause des changes dans l’état de médium. Cette causalité réciproque ne disparaitra qu’au moment où la réalité est en stagnation totale. L’état où rien ne se passe signifie qu’il n’existe plus de cause pour ça: alors la distance spatiale dans le médium n’aurait plus d’importance, le temps serait disparu et la réalité serait en état semblable de celle-là qui prévalait avant le big bang.

Maintenant je veux retourner à la question concernant la finalité de l’object naturel. Si l’object naturel puisse se définir comme l’opposite de l’artéfact, peut-on définir l’artéfact? Si l’artéfact est le produit de conception, c’est seulement l’homme qui soit capable de le produire. En effet, c’est justement la définition qui se trouve dans TLFi, accompagné par ”Produit de l'art, de l’industrie” et une citation assurante: ”La distinction entre objets artificiels et objets naturels paraît à chacun de nous immédiate et sans ambiguïté. Rocher, montagne, fleuve ou nuage sont des objets naturels; un couteau, un mouchoir, une automobile, sont des objets artificiels, des artefacts.” Mais que peut-on dire des nids d’oiseaux ou des fourmilières? Sont-ils des objects naturels malgré l'homme n’a aucune difficulté de spécifier leur finalité. Et comment classifier le produit de l’art face à laquelle le public est complètement perplexe sans pouvoir de comprendre sa finalité. Est-ce que ce produit est plutôt un object naturel qu’un artéfact surtout si les ”experts” rassurent qu’on ne peut pas et ne doit pas essayer de le comprendre, et possiblement s’il est apparent que le processus de création n’était pas précédé par la phase de conception?

Si on proposait la division de la réalité en deux, aux objects naturels et aux artéfacts, la proposition se baserait sur l’exigence que touts les attributs en entités fondamentales de l’ontologie soient déterminables. Étant le plus évoluée et complexe espèce de la biosphère de la planète l’homme s’incline facilement à l’égoïsme. Il oublie que l’humanité n’est q’une fraction minuscule de la réalité si on prend en considération les dimensions spatiales et temporelles de la réalité. Surtout, telle division serait injustifiable dans le cas où la finalité de l’ontologie est de représenter la réalité en format unifiant. Cette finalité seule suffit pour maintenir la liste des quatre attributs. Alors, l’homme doit accepter le fait qu’il y a des objects dont quelques attributs lui restent indéterminables 

En effet n’importe quel object naturel est artéfact potentiel. La finalité d’un corps céleste peut être spécifié par l’homme tant qu’il fonctionnera en une base pour la sonde. La finalité d’un ver pour le merle est de fonctionner en son nourriture. C’est le merle qui a fait cette spécification par expérience et le rôle de l’homme qui l’observe n’est qu’être d’accord. L’homme a du mal à comprendre la finalité des moustiques mais la chauve-souris sait mieux. 

Et la finalité de l’homme même? L’homme est pure object naturel au moment de sa naissance. Il n’est pas une construction de ses parents. Sa formation vers un artéfact commence pourtant assez vite après ça. Il assume de divers finalités et identités au fil de sa vie, mais son identité en object naturel ne disparait pas. C’est justement cette dernière qui le fait de temps en temps demander après la finalité de sa vie. Voici la réponse générique: la finalité est que l'homme aurait la structure qui lui assurerait la capacité de fonctionner en interaction avec son environnement variant avec la performance maximale évalué par les critères qu’il assume. La même réponse est valide pour touts les objects.




lundi 27 mars 2017

Complexité

”La réalité est complexe.” Cette phrase a l’air d’une déclaration d’une trivialité dont il est facile, intuitivement et superficiellement, d’être d’accord. Mais elle peut représenter aussi le point de départ d’une révolution scientifique, le plus profond jamais, qui nous mène vers un nouveau paradigme de toute science et en conséquence vers une nouvelle vue du monde. Cette dernière est le scénario que je veux brièvement examiner. Que désigne-t-on par les termes réalité et complexe ici?

Commençons par la complexité. Complexe peut se confondre avec compliqué. Par exemple, le langage de spécialiste peut être compliqué aux profanes en sens d’être inintelligible. Le public peut trouver la musique contemporaine ou moderne trop compliqué pour en saisir son idée. Beaucoup de vieillards trouvent l’utilisation des moyens modernes de communication trop compliquée pour eux. Dans toutes ces phrases le terme compliqué exprime une impression subjective. Le terme complexité a été récemment choisi par des chercheurs pour désigner la propriété intrinsèque de la réalité indépendant de ce que l’homme en pense. Il sert ainsi de la démarcation entre la réalité et sa modèle formelle qui est incapable de capturer toutes ses propriétés. 

Attribuant le terme complexité à la réalité ne spécifie pas encore la signification des termes complexité et complexe. Pour la rendre explicite on est obligé de plonger dans les profondeurs de la réalité. J’utilise le terme réalité dans le sens ”tout ce qui est”, c’est à dire la totalité pour laquelle on utilise aussi des termes univers ou monde. Ainsi, tout ce que je vais dire concernant de la réalité est une prise de position ontologique et il s’agit alors, par nécessité, de l’ontologie adéquate opposée des ”ontologies” des domaines spécifiques. Il est important de comprendre que la réalité comprend aussi nos pensées en tant que produits de notre corps (embodied mind) quoiqu’ils demeurent en dedans du corps.

Ça fait presqu’une trentaine d’années que le terme ”science of complexity” apparaissait dans la littérature scientifique américaine. Ca peut être pris, si on veut, pour le premier signe de la volonté de poursuivre un nouveau paradigme, mais alors le contenu de ce terme n’était pas spécifié de façon précise. Un essai de le faire était publié dans l’editorial du numéro 38 de La Lettre Chemin Faisant en 2001. Selon ce qui était proposé, la science de la complexité ”ne peut caractériser une discipline scientifique parmi d’autres, et nulle discipline ne saurait s’en attribuer la propriété épistémique. L’intelligence de la complexité, les modes de représentations et d’interprétations pour action qu’elle appelle, concernent toute l’activité scientifique en des termes interdisciplinaires. Chaque discipline peut se les approprier, dès lors qu’elle le fait intelligiblement en un même langage substrat, et qu’elle explicite la légitimation épistémique des propositions qu’ainsi elle construit. Et elle concerne aussi toute activité humaine collective, qui ne peut jamais s'enfermer durablement dans une stricte division du travail (qui est aussi division des travailleurs), et qui ne peut s'exprimer qu'en termes d’interactions”. 

Si tout ça s’effectuait, nous serions dans la situation que je proposait en 2000 dans un article en deux parts intitulé ”Université doit former des généralistes”. Mes thèses principales dans cet article étaient que (1) le nouveau paradigme à venir sera par nécessité holistique, (2) il se basera sur l’ontologie adéquate et sa langue unifiée, et (3) la théorie centrale unifiante sera probablement celle de la conception. Une dizaine d’années avant j’avait mis en route le développement de l’ontologie PSSP. Sa langue unifiée donnait pour la première fois la possibilité de produire des modèles holistiques intégrant la connaissance des artéfacts et celle des activités de l’homme et de prendre le premier pas vers la théorie générique de conception. Mais tout avancement jusqu’ici au cadre de ”la science de complexité”, incluant le succès de la théorie de chaos, n’est que de petits pas à côté du défi total de la complexité de la réalité.

La réalité dans sa totalité est créative. Autrement dit, la réalité produit spontanément sans cesse de nouvelles structures et phénomènes qui sont imprévisibles. Cette émergence restrain sérieusement l’utilité de réductionnisme et déterminisme, mais au même temps, dans sa créativité, elle tente à ruiner la nécessité d’un créateur surnaturel imaginé dit le Dieu. La réalité n’est pas homogène. Ontologiquement la réalité est nécessairement modulaire et hiérarchique.

Il y a des niveaux où les idées de réductionnisme et déterminisme sont bien valides comme témoigne le succès des projets spatiales: l’envoi d’une sonde et sa pose avec précision au surface d’un corps céleste se base sur les lois de Newton. Tout ça, malgrè très compliqué, est pourtant déterministique et ainsi pas complexe. Au même temps la biosphère est continuellement l’objet de l’évolution. Elle est complexe en conséquence de l’émergence qui s’exerce via la variation et la sélection, surtout des protéines capables de se reproduire. 

La marche triomphale de la science newtonienne aveuglait la communauté scientifique tant que peu à peu la modèle simplifiée de la réalité devenait l’ontologie même. Au même temps le niveau de réalité ignoré, celui-ci où demeure la complexité, était longtemps laissé ouvert pour la mystification, une source d’inspiration bien exploitée dans les domaines de l’art et de la religion. Aujourd’hui la réduction anticipée de cette espace menace de faire le Dieu une espèce en voie de disparition. Le pionnier de la théorie de complexité, Stuart Kauffman, propose dans son livre ”Reinventing the Sacred”, 2008, la redéfinition des termes Dieu et Sacré. ”Dieu” faisant référence à une construction théorique inventé par l’homme et ”Sacré” à quelque chose de divine, c’est à dire, à ce qui vient de Dieu, ainsi aussi bien inventé par l’homme, pourraient été donné de nouvelles connotations surgissant de la créativité de réalité.

Mais quelles sont les chances de succès de l’homme en attaquant la complexité de réalité? Est-ce que c’est face à l’émergence quand l’homme est enfin obligé d’avouer son insuffisance? Kari Enqvist, physicien et cosmologiste, prend la position dédramatisante à l’égard de l’émergence en tant qu’obstacle infranchissable. Pour lui le terme ne signifie que l’insuffisance de la modèle formelle spécifique adoptée (”effective model”) qui s’élimine par la révision de la modèle. Francis Heylighen, cybernéticien, a publié la taxinomie des types d’émergence en 1991. Il argumente que pour décrire l’émergence on doit recourir à la métamodèle dont la fonction est de contrôler la transition d’une modèle à l’autre représentant des variations retenues.

L’homme, un composant de la biosphère, possède la capacité unique, ainsi distinctive, de changer la réalité de façon consciente. C’est à dire, il a la capacité de concevoir. La conception se base sur la raisonnement déductive et inductive, comme fait l’analyse, mais en particulier sur la raisonnement abductive qui avance à l’envers, de l’effet à la cause. L’abduction a la caractère d’une course d’orientation dans un terrain inconnu avec la carte qui n’a que les courbes de niveau mais aucune information concernant la biodiversité de la végétation. Pour l’orienteur chevronné, faisant confiance à son intuition et créativité, une telle course n’est qu’une experience passionnante: il réussi de trouver son trajet qui n’est pas théoriquement optimal mais pas loin de là. Concepteur est capable de prévisions cultivés.

Comment formellement intégrer l´homme et son environment, c’est la question fondamentale de la théorie générique de conception. Il y a une vingtaine d’années j’en résumait mes idées en la modèle que j’appelle la cercle de conception (design cycle). Simplement exprimé, c’est la modèle dynamique de la conception de n’importe quoi. Ainsi, c’est aussi la modèle pour concevoir la modèle de l’émergence. Ainsi dit, je conclure que l’apprivoisement de la complexité de réalité semble possible. Au même temps il est sage de s’apprêter à l’émergence des surprises.