jeudi 1 décembre 2022

Gui (Viscum album)

Parlons de la plante qui s'appelle gui en français et mistletoe, mistel, misteli etc. dans plusieurs autres langues. La plante même ne s'explique pas à partir de ces noms quotidiens. Son nom latin Viscum album est par contre bien instructif. Viscum fait référence à la plante dont les fruits (ou baies) contiennent du liquid visqueux et collant, et album à la couleur blanche de ces fruits.

Étymologie de ces noms familiaux est mal connu. Pour mistletoe, mistel, misteli etc. il semble que l'origine reste inconnu. On a proposé que gui vienne de viscum via un ancien langage germanique où on utilise sur la place de v la lettre w. Mais, comme Wilhelm se transforme en Guillaume, le v de viscum devient remplacé par gu. Ainsi "wi" deviendrait gui. Et ça suffit pour les français. Selon la coutume française la fin du mot, quoi qu'il soit, peut être tranché, si la part qui reste fonctionne. 

Le gui était pour les druides la plante sacrée dont les fruits et branches étaient utilisé aux rites religieux (pour détails il vaut voir l'opéra Norma de Vincenzo Bellini, dont le livret est bien soigneusement écrit et se base sur la connaissance de la culture des druides plutôt que de l'imagination comme souvent est le cas dans la littérature d'opéra. La branche du gui a quelque importance même aujourd'hui en décor et porte-bonheur pendant la nouvelle année dans les pays qui maintiennent, pour les raison historiques, des traditions celtiques. 

La plante même est bien curieuse. Elle est une sorte de parasite qui pousse sur les branches de quelques espèces d'arbre comme peuplier et pommier. Elle n'as pas de racines mais se fixe sur le hôte autrement – et l'exploite. Pourtant le gui le fait de la façon que l'on peut qualifier délicate. Bien sûr le hôte souffre un peu, mais le tolère à peu près comme s'il était la question de l'hospitalité vers le compagnon. Si le pommier donne moins de récolte, c'est plutôt le mal de tête du propriétaire du pommier.

Le gui a le problème interne assez sérieux à cause de ses propre fruits: ils sont très toxiques. Il n'y a que quelques espèces d'oiseaux au monde, possiblement une seule, qui soient capable de s'en nourrir. Cela signifie pour les grains du gui que leur dissémination est dictée, aussi radicalement limitée, par la population locale de tels oiseaux. Tout récemment les premières observations ont été fait au sud de la Finlande sur les guis poussant dans la nature. Si cette plante commencerait à se multiplier ici, c'est certainement grace à cette espèce d'oiseau spécialiste. Elle s'appelle grive viscivore, kulorastas.

Le nom latin de la grive viscivore est Turdus viscivorus. Turdus est le nom latin de la famille des grives. Le nom de l'espèce, viscivorus est en français viscivore désignant "ce qui mange des fruits du gui". Viscivore est analogue à garnivore, piscivore, granivore etc. Ces attributs ne sont pas limitatifs. En effet, la spécification de cette grive par le titre viscivore est exagérante, parce qu'elle est typiquement omnivore. 

La grive viscivore a resté assez mal connue, parce qu'elle est bien craintive. Elle est la plus grosse des grives et peut être observé le plus souvent au printemps par son chant. Le chant, pourtant, n'est pas facile de distinguer de celui du merle. Chez nous, dans la réserve naturelle privée de cinq héctares, nous sommes favorisés d'avoir la grive viscivore chaque printemps. Je ne l'ai pas vu que quelques fois mais j'ai fait plusieurs enregistrements de son chant.

Gui, soi bienvenu ici!